Naissance de Vénus (fragment)

Invité sur Aranei-Orbis


Efflorescence

par Le Grimaud


 

 

 

Pour qu'une femme soit aimée…


Pour qu'une femme soit aimée, faudrait-il qu'elle ressemble à Flora la Belle-Romaine tant courtisée
ou à Thaïs qui ne lui cède en rien ?
Faudrait-il que de la cuisse de Jupiter elle soit née ?
Faudrait-il qu'elle soit odalisque en quelque harem ?
Faudrait-il qu'à l'instar d'Hélène, on se la dispute comme à Troie ?

Pour la seule beauté d'Héloïse, je ne veux pas partager le sort d'Abélard !

Je me contenterais d'une femme dont on n'a pas vanté la beauté.
Ariane me plairait bien.

Oui, je dois l'avouer, j'ai un faible pour Agnès Sorel. Si elle fut admirée pour sa
beauté ; son intelligence, sa culture étaient grandes et son influence sur le roi fut des plus fertiles.

Pour qu'une femme soit aimée,
elle pourrait comprendre le latin et le grec, le persan pour me conter ses légendes.
L'hébreu pourrait être un plus. Mais allez savoir pourquoi, je préfère le Yiddish.
Pourquoi ne connaîtrait-elle pas les richesses de la musique, la finesse des
mathématiques, et que sais-je encore, que même j'ignore ?
Je ne lui reprocherais d'aimer Escher, Goedels et Bach.

Tout cela est-il indispensable ?
Un regard, un sourire qui illumine l'âme ne me suffirait-il pas ?
Pour parler d'elle, parler français me conviendrait.
Ainsi, je pourrais lui répondre sans détour.
Je choisirais mes mots comme le font les poètes.

Aux apprêts des roses, à leurs fards,
Aux fronces sophistiquées des pétales enjuponnés,
Aux reflets profonds des replis de velours,
Aux artifices de feux, d'or et de sang,
Je préfère l'églantine la sauvageonne,
Son délicat corsage blanc, sa rose timidité,
Ses pétales offerts sans mystère au regard d'un promeneur solitaire.
L'églantine ne demande qu'un poète
Pour chanter son existence et ses lettres de noblesse.

Comme autrefois sur les armoires de nos grand-mères,
Elle rêve d'accompagner, de réhausser les vers de qui la loue.
Comme dans la haie des champs,
Elle déploierait en feston sa guirlande parmi les mots.
Ainsi, elle ferait le bonheur d'un poète.

Texte Le Grimaud, illustration J.-C. Raymond



Efflorescence


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Mise à jour 2002-04-06