La grande page attend
comme une plage
plage de sable blanc
immaculée comme un drap blanc
vierge de traces de passage
jusqu'aux vagues à l'ourlet déferlant
Comme un grand lit sage
bordé de dentelle et d'argent
le papier presque lisse s'étend
jusqu'au liseré ondulant
qu'a gardé la feuille en séchant
Longue elle appelle vers le large
large elle force à prendre élan
ses limites éloignées refusent les gestes sages
le grain séduit les doigts de l'artisan
l'arstiste doit se lancer à l'assaut de la page
l'inspiration doit porter son bras en avant
Il calcule il jauge un peu hésitant
il marquerait bien les trois points importants
Puis soudain il esquisse un geste qui partage
son terrain de jeu en deux camps
ce qui est d'ici-bas ce qui est au-delà du présent
Il plane au-dessus du monde il crée ses
éléments
il vole mais prêt à plonger tel un fou de Bassan
Il invente sa planète il rêve au
firmament
son imagination le porte
il marque son passage
Les dés sont jetés le tracé lancé placé
inéluctablement
il dépasse la page il a traversé la plage il lutte en
l'océan
La feuille n'est plus vierge de cet acte passion
est né son enfant
une création qu'il doit nommer encadrer montrer au monde des
vivants
qu'il doit nourrir de ses pensées défendre accompagner
de sentiments
Créateur artiste est-il vraiment ?
Peut-être si l'on admire intensément
si on reconnaît l'importance de sa quête si l'on comprend
son message
Joëlle
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