2000-05-20
 

Aranei-Orbis
 Van Gogh, la chaumière,

le nid et le roitelet

texte de Le Grimaud

(On the arts by Le Grimaud)


Le poète, le peintre bien évidemment sont des créateurs d'images. Les images des meilleurs d'entre eux parlent aux spectateurs. Quelle charge émotionnelle portent-elles ? Sommes-nous prêts à les recevoir ?

Écoutons, quelques instants, Van Gogh et Gaston Bachelard [29]: «Van Gogh qui a peint beaucoup de nids et beaucoup de chaumières écrit à son frère : "La chaumière au toit de roseaux m'a fait penser au nid d'un roitelet". N'y a-t-il pas pour l'oeil du peintre un redoublement d'intérêt si, peignant un nid, il rêve à la chaumière, si peignant une chaumière, il rêve à un nid. L'image la plus simple se double, elle est elle-même et autre chose qu'elle-même.»

Dans cet instant où une image est elle-même et autre chose qu'elle-même, elle acquiert une valeur, une charge affective susceptible de toucher le spectateur. Par là, la photographie d'art se différencie de la photo souvenir. Le portrait acquiert toute sa signification quand le caractère du sujet s'échappe de la toile ou de l'épreuve photographique.

«Les chaumières de Van Gogh sont surchargées de chaume. Une paille épaisse, grossièrement tressée souligne la volonté d'abriter en débordant des murs. De toutes vertus d'abri, le toit est ici le témoin dominant. Sous la couverture

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du toit les murs sont de terre maçonnée. Les ouvertures sont basses. La chaumière est posée sur la terre comme un nid sur le champ» : un nid de roitelet en forme de boule, avec son ouverture en dessous, qui protège de la pluie.

Gaston Bachelard ajoute : «En vivant en sa liaison manifeste la chaumière-nid de Van Gogh, soudain en moi les mots plaisantent. Il me plaît de redire que c'est un petit roi qui habite la chaumière. Voilà bien une image-conte, une image qui suggère des histoires.»

Les images des chaumières de Van Gogh sont bien plus que des images de chaumières. Elles réveillent en nous ce besoin archaïque de protection du primate resté gravé dans notre subconscient, celui que ressent l'oiseau qui fait son nid, celui de l'enfant qui maladroitement trace sur la feuille de papier le toit familial. Son geste matérialisation instinctive de son rêve inconscient renforce le nid par la fumée qui s'échappe de la cheminée et évoque la chaleur du foyer, en français, même mot, à la fois âtre et maison, tel l'igloo si fascinant.

© 1998 - Le Grimaud

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