Aranei-Orbis


Histoire ancienne de Loudun

par Auguste Léon Lerosay, recherche de Fernande Germain




Histoire ancienne de LOUDUN

[de ses débuts à Charlemagne]

 

Loudun est une ville ancienne. C'est le sort de presque toutes les anciennes villes d'avoir des origines fabuleuses ou ignorées.Loudun n'échappe pas à cette loi de l'histoire. On ne sait rien de sa fondation. Son nom même est d'une interprétation très difficile.On trouve dans les chartres " Castrum Lansdunum" Losdunum, Lausdunum, Lodunum, Laudunum, Lugdunum.

Des monuments indiscutables attestent l'ancienneté de cette ville. La période paléolithique n'est guère représentée à Loudun. Par contre la période néolithique est extraordinairement bien accusée dans la région où les dolmens sont très nombreux. Monsieur Charbonneau-Lassay en a catalogué 47, dans un rayon de 4 à 5 lieues autour de Loudun. Le plus considérable de tous est celui de la Pierre-Folle de Bournand. Dans la France préhistorique il est indiqué comme le plus important de France, puisque ses dimensions surpassent celle de la Table des Marchands de Loc-Mariaker, et celles du dolmen de Bagneux, près de Saumur. Cette construction est gigantesque, ou galerie couverte, occupe une étendue de 18 mètres de longueur et de 9 mètres de largeur. Ainsi, les civilisations se succèdent sur notre sol.

Après l'époque préhistorique, les établissements gaulois. Après ceux-ci les constructions romaines. La "période romaine" offre, à Loudun, les murs et bastions romains du château ; des briques en quart de cercle destinées à former des tambours de colonnes, objets qui feraient supposer qu'un temple devait s'élever sur le sommet de la colline, c'est à dire dans le jardin de l'archiprêtré de Loudun. On trouva, à la fin du XVIeme siècle ou au commencement du XVIIe, dans l'élargissement des douves, quelques pièces de monnaie de l'empereur Constance . "Le Proust" ne donne pas les inscriptions relevées sur ces monnaies, mais il cite celle qu'on lisait sur une pièce découverte dans un arêtier : d'un côté se trouve "Alexandre le Sévère" , de l'autre "S.C.". En 1749, en faisant la promenade du château on découvrit des pièces des empereurs "Commode" et "Dioclétien". Au dessus des premières on lisait l'inscription :

ANNIVS VERVS CAES. GERMANICVS

On lisait sur la seconde :

IOVO CONSERVATORI AVG.

La gravure représentait un temple abritant un Jupiter debout avec une flèche, un foudre et un aigle à ses pieds. Au revers on lisait :

IMP. C. VAL DIOCLETIANVS P.P.AVG.

L'existence de tous ces monuments préhistoriques, gaulois et romains, atteste la vie politique et religieuse de peuplades qui prirent successivement possession de notre contrée. Partout où l'homme primitif dresse la pierre de ses dolmens , le Gaulois établit un camp, et le Romain bâtit à côté une forteresse, afin de maintenir le vaincu sous le joug de la force. On est pas d'accord sur la grandeur primitive de Loudun. Le mot castrum des anciens indique une petite ville ou un bourg fortifié. Nombre d'auteurs veulent cependant que la ville ait été considérable avant l'an 1000. Plusieurs on prétendu qu'il y avait à Loudun un atelier monétaire, sous la dynastie des rois mérovingiens. D'après un plan conservé à la Bibliothèque nationale, et dont la reproduction se trouve à la mairie, on peut déterminer les dimensions précises de la forteresse du château. L'enceinte mesurait une longueur de 820 mètres avec une superficie d'environ six hectares. Sur le circuit se trouvaient 17 tours. Outre ces moyens de défense le château avait deux autres forts, situés dans son enceinte, un à l'est et l'autre à l'ouest. A l'Est se trouvait la haute tour carrée qui domine encore la ville et à l'Ouest un donjon cylindrique dont l'emplacement est indiqué par de larges fondements qu'on aperçoit dans une sorte d'excavation. La tour carrée a une hauteur de 27 mètres , ses murs font 1 m 80 d'épaisseur. "Le Proust" parle d'une tour à quatre étages sans le souterrain et la plate-forme, munie d'une échauguette avec un escalier à vis pour monter plus haut. Il prétend que de ce donjon partait un passage voûté sous terre, par lequel un homme armé et à cheval pouvait sortir de la ville. Tout autour de la forteresse se trouvait une ligne de fossés larges et profonds, qui en défendaient les abords. Loudun justifiait son titre de place forte non seulement par sa citadelle mais encore par une autre ligne de fortifications avec des douves qui entouraient la ville de toutes parts. Ce cordon de fortes murailles, munies de nombreuses tours, offrait un développement de 2 km 200. Cette enceinte fut construite au commencement du XIIIe siècle.Les murailles étaient primitivement perçées de quatre portes. La porte Saint Nicolas, la porte de Notre-Dame ou porte de Mirebeau, celle de Saint-Jean ou porte de Chinon et celle du Martray. Mais, à cause de leur grand éloignement, on y ajouta par la suite la porte du Pasquin et la porte du Portail Chaussée. La porte du Martray a été la seule conservée et on peut voir encore sur les murs de ses deux tourelles la trace des biscaïens qu'elle a reçus dans les combats contre les Anglais et dans les guerres de religion. Loudun qui ne fut jamais une grande ville, fut toujours une position militaire de la plus haute importance. Aussi sa citadelle demeura t-elle vierge de la domination étrangère.; elle ne cessa jamais d'appartenir à ses seigneurs et à ses rois. C'est une gloire qu'elle dut, moins à la solidité de ses remparts, qu'à la vaillance de ses habitants. Le plus ancien texte qui fasse mention de Loudun est un diplôme qui constate la présence en ses murs de l'empereur Charlemagne.

 

Tiré de LOUDUN de Auguste Léon Lerosay
Librairie Blanchard 1908


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