Aranei-Orbis 

Amour

(Love)


Florilège poétique par Le Grimaud


 

Quand je vois l'alouette mouvoir…
 
 


Las ! combien je croyais savoir
D'amour, et combien peu j'en sais,
Moi qui ne puis ne pas aimer
Celle dont je n'aurai profit.
Elle prit mon cœur et m'a pris
Avec elle-même et le monde,
Et dans ce rapt, ne m'a laissé
Que désir et cœur assoiffé.
Bernard de Ventadour (?- vers 1170)
Traduction René Nelli et René Lavaud
Les Troubadours

 
 
Le Vallon de Tréboul
À deux pas de la mer qu'on entends bourdonner
Je sais un coin perdu de la terre bretonne
Où j'aurais tant aimé, pendant les jours d'automne,
    Chère, vous emmener.

Des chênes faisant cercle autour d'une fontaine,
Quelques hêtres épars, un vieux moulin désert,
Une source dont l'eau vive a le reflet vert
    De vos yeux de sirène…

La mésange au matin, sous la feuille jaunie,
Aurait chanté pour nous, et la mer nuit et jour
Aurait accompagné nos caresses d'amour
    De sa basse infinie.

André Theuriet
Le Bleu et le noir
 

Un soir, nous étions seuls ; j'étais assis près d'elle.
Elle penchait la tête, et sur son clavecin
Laissait tout en rêvant, flotter sa blanche main.
Ce n'était qu'un murmure : on eût dit les coups d'aile
D'un zéphyr éloigné glissant sur des roseaux,
Et craignant en passant d'éveiller les oiseaux.

Alfred de Musset
Lucie

 
 

Le soir qu'Amour vous fit en la salle descendre 
Pour danser d'artifice(1) un beau ballet d'Amour,
Vos yeux, bien qu'il fût nuit, ramenèrent le jour,
Tant ils surent d'éclairs par la place répandre. 

Le ballet fut divin qui se soulait(2) reprendre,
Se rompre, se refaire, et tour dessus retour
Se mêler, s'écarter, se tourner à l'entour,
Contre-imitant le cours du fleuve de Méandre(3)

Ores(4) il était rond, ores long, or'étroit,
Or en pointe, en triangle, en la façon qu'on voit
L'escadron de la Grue évitant la froidure. 

Je faux(5), tu ne dansais, mais ton pied voletait
Sur le haut de la terre : aussi ton corps s'était
Transformé pour ce soir en divine nature.

Ronsard
Sonnets pour Hélène, 1574 


(1) d'artifice = avec art.
(2) se soulait = ne cessait de... 
(3) Méandre = fleuve d'Asie mineure aux nombreuses sinuosités. 
(4) Ores... ores... = tantôt... tantôt... 
(5) Je faux = je me trompe.

 
Je vis, je meurs…


Je vis, je meurs : je me brûle et me noie.
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est trop molle et trop dure.
J'ai grand ennuis entremêlés de joie :

Tout à coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourments j'endure :
Mon bien s'en va, et à jamais il dure :
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène :
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il ne remet en mon premier malheur.
 

Louise Labé 
in Sonnets, VII.

 


   



   
« Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé », après la disparition d'Elvire qui l'inspira ...L'Isolement de Lamartine, un des beaux poèmes choisis avec sensibilité et amour des poètes par Josette Perlin qui anime, semaine après semaine, au gré de ses rencontres et des ses aspirations Le Coin du Poète.
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Mise à jour le : 2002-10-28