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Florilège poétique par Le Grimaud

Carpe Diem

 


 

Mignonne, allons voir si la rose…

Mignonne, allons voir si la rose
Qui se matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.

Ronsard in Odes, I, 17

   


 

Aux Dames

Si votre été durait autant que votre automne ;
Si le printemps chez vous ne craignait pas l’hiver ;
Si l’on pouvait toujours les mêmes fleurs trouver,
Que le ciel libéral en votre avril vous donne ;
Si vous aviez toujours pour compagne Dione (Vénus)
Qui tînt votre soleil fixé sans se coucher ;
Si, par les lois du temps, l’on ne voyait sécher
Les roses et les lis sont il vous environne,
Vous eussiez bien raison d’épargner chèrement
Ces fleurs, ces tendres fleurs qui font votre ornement ;
Mais puisque ces fleurs sont de si peu de durée,
Que la première nuit, par son obscurité,
Peut effacer l’éclat de leur vive beauté
Cueillez dès le matin ce que perd la soirée.

François Le Poulchre

Note
Jean Giraudeau dans son livre Précis historique du Poitou nous livre les vers ci-dessus qu'il attribue mais sans donner le titre du recueil auquel ils appartiennent. Il les présente de la manière suivante : « Voici comme il a paraphrasé la pensée suivante : Colligo, virgo, rosas : pereunt nisi manè leguntur. »

 

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Mise à jour le : 2002-10-27