2000-06-28
Aranei-Orbis 


La Nuit

(The Night)



Florilège poétique par Le Grimaud


 

La nuit, quand de si loin le monde nous sépare,
Quand je rentre chez moi pour tirer les verrous,
De mille souvenirs en jaloux je m'empare ;
Et là, seul devant Dieu, plein d'une joie avare,
J'ouvre, comme un trésor, mon cœur tout plein de vous.

Alfred de Musset
À Ninon 

 

Grâce à l'homme
ou en dépit de lui
...
La vie s'arrête un peu la nuit
ou tourne autour de nous
On a peur de je ne sais quoi :
de ne plus être aimé sans doute
avec un sexe néanmoins redondant
...
et de savoir que ce que l'on désire
n'est pas en somme d'être soi-même
mais quelque chose comme une lumière
qu'on volerait dans le regard d'autrui
...
Marc Piétri
Les nuages de Magellan, 1988

 
 
Nocturne

La blême lune allume en la mare qui luit,
Miroir des gloires d'or, un émoi d'incendie.
Tout dort. Seul, à mi-mort, un rossignol de nuit
Module en mal d'amour sa molle mélodie.

Plus vibrent les vents en le mystère vert
Des ramures. La lune a tu leurs voix nocturnes :
Mais à travers le deuil du feuillage entr'ouvert
Pleuvent les bleus des astres taciturnes.

La vieille volupté de rêver à la mort
A l'entour de la mare endort l'âme des choses.
A peine la forêt parfois fait-elle effort
Sous le frisson furtif de ses métamorphoses.

Chaque feuille s'efface en des brouillards subtils.
Du zénith de l'azur ruisselle la rosée
Dont le cristal s'incruste en perles aux pistils
Des nénuphars flottant sur l'eau fleurdelysée.

Rien n'émane du noir, ni vol, ni vent, ni voix,
Sauf lorsqu'au loin des bois, par soudaines saccades
Un ruisseau turbulent roule sur les gravois :
L'écho s"émeut alors de l'éclat des cascades.

Stuart Merril
Les Gammes, 1887.

 
 
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Florilège poétique par Le Grimaud

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