27-02-2000
Aranei-Orbis

Les quatre saisons

(The four seasons)


Florilège poétique par Le Grimaud



 
 
 

Le Calendrier



 

Blanche est la neige en Nivôse,
Grise est la pluie en Pluviôse
Mais noir est le vent en Ventôse.

On s'est connu en Germinal,
On s'est aimé en Floréal
Et puis on s'est marié en Prairial.

L'enfant est né en Messidor,
Il a grandi en Thermidor
Et puis il est parti en Fructidor.

La vie est blanche en Vendémiaire,
La vie est grise en Brumaire
Et puis la vie est noire en Frimaire.
 
 

Fabre d'Églantine (1750-1794)
Le Calendrier

 
 

Les quatre saisons - L'Automne



 

L'automne fait des bruits froissés
De nos tumultueux baisers.

Dans l'eau tombent les feuilles sèches
Et sur ses yeux, les folles mèches.

Voici les pèches, les raisins,
J'aime mieux sa joue et ses seins.

Que me fait le soir triste et rouge,
Quand sa lèvre boudeuse bouge ?

Le vin qui coule des pressoirs
Est moins traître que ses yeux noirs.


Les quatre saisons - L'Été
 

En été les lis et les roses
Jalousaient ses tons et ses poses,

La nuit, par l'odeur des tilleuls
Nous nous en sommes allés seuls.

L'odeur de son corps, sur la mousse,
Est plus enivrante et plus douce.

En revenant le long des blés,
Nous étions tous deux bien troublés.

Comme les blés que le vent frôle,
Elle ployait sur mon épaule.


Les quatre saisons - L'Hiver

C'est l'hiver. Le charbon de terre
Flambe en ma chambre solitaire.

La neige tombe sur les toits,
Blanche ! Oh, ses beaux seins blancs et froids !

Même sillage aux cheminées
Qu'en ses tresses disséminées.

Au bal, chacun jette, poli,
Les mots féroce de l'oubli,

L'eau qui chantait s'est prise en glace,
Amour, quel ennui te remplace !


Les quatre saisons - Le Printemps
 

Au printemps, c'est dans les bois nus
Qu'un jour nous nous sommes connus.

Les bourgeons poussaient vapeur verte.
L'amour fut une découverte.

Grâce aux lilas, grâce aux muguets,
De réveurs nous devînmes gais.

Sous la glicyne et le cytise,
Tous deux seuls, que faut-il qu'on dise ?

Nous n'aurions rien dit, réséda,
Sans ton parfum qui nous aida.
 

Charles Cros  (1842-1888)
Le  Coffret de santal

 
Pour illustrer ces poèmes sur les saisons, prenez le temps d'admirer les miniatures des Très riches Heures du duc de Berry peintes par les frères Paul, Hermann et Jean Limbourg.

 
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Florilège poétique par Le Grimaud

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