2000-05-20
Aranei-Orbis

L'Automne

(Autumn)


Florilège poétique par Le Grimaud



 
 

Ce que disent les hirondelles

Chanson d'Automne




Déjà plus d'une feuille sèche
Parsème les gazons jaunis ;
Soir et matin, la brise est fraîche,
Hélas ! les beaux jours sont finis !

On voit s'ouvrir les fleurs que garde
Le jardin, pour dernier trésor:
Le dahlia met sa cocarde
Et le souci sa toque d'or.

La pluie au bassin fait des bulles ;
Les hirondelles sur le toit
Tiennent conciliabules :
Voici l'hiver, voici le froid !

Elles s'assemblent par centaines,
Se concertant pour le départ.
L'une dit : «Oh! que dans Athènes
Il fait bon sur le vieux rempart!

«Tous les ans j'y vais et je niche
Aux métopes du Parthénon.
Mon nid bouche dans la corniche
Le trou d'un boulet de canon.»

L'autre : «J'ai ma petite chambre
A Smyrne, au plafond d'un café.
Les Hadjis comptent leurs grains d'ambre
Sur le seuil, d'un rayon chauffé.

«J'entre et je sors, accoutumée
Aux blondes vapeurs des chibouchs,
Et parmi des flots de fumée,
Je rase rubans et tarbouchs.»

Celle-ci : «J'habite un triglyphe
Au fronton d'un temple à Balbeck.
Je m'y suspends avec ma griffe
Sur mes petits au large bec.»

Celle-là : «Voici mon adresse :
Rhodes, palais des chevaliers ;
Chaque hiver, ma tente s'y dresse
Au chapiteau des noirs piliers.»

La cinquième : «Je ferai halte,
Car l'âge m'alourdit un peu,
Aux blanches terrasses de Malte,
Entre l'eau bleue et le ciel bleu.»

La sixième : «Qu'on est à l'aise
Au Caire, en haut des minarets!
J'empâte un ornement de glaise,
Et mes quartiers d'hiver sont prêts.»

«A la seconde cataracte,
Fait la dernière, j'ai mon nid ;
J'en ai noté la place exacte,
Dans le pschent d'un roi de granit.»

Toutes : «Demain combien de lieues
Auront filé sous notre essaim,
Plaines brunes, pics blancs, mers bleues
Brodant d'écume leur bassin!»

Avec cris et battements d'ailes,
Sur la moulure aux bords étroits,
Ainsi jasent les hirondelles,
Voyant venir la rouille aux bois.

Je comprends tout ce qu'elles disent,
Car le poète est un oiseau ;
Mais, captif, ses élans se brisent
Contre un invisible réseau!

Des ailes! des ailes! des ailes!
Comme dans le chant de Ruckert,
Pour voler, là-bas avec elles
Au soleil d'or, au printemps vert!
 
 

Théophile Gautier (1811-1872)
Émaux et Camées

 
 

L'Automne

 
 

Lâche comme le froid et la pluie,
Brutal et sourd comme le vent,
Louche et faux comme le ciel bas,
L'automne rôde par ici,
Son bâton heurte aux contrevents ;
Ouvre la porte, car il est là.

Ouvre la porte et fais-lui honte,
Son manteau s'effiloche et traîne,
Ses pieds sont alourdis de boue;
Jette-lui des pierres, quoi qu'il te conte
Ne crainds pas ses paroles de haine :
C'esttoujours un rôle qu'il joue.

Car je le connais bien, c'est lui
Qui vint l'antan avec des phrases,
Avec des sourires et des grappes,
Parlant du bon soleil qui luit,
Du vent d'été qui bruit et jase,
Du bon repos après l'étape ;

Il a soupé à notre table
--Je le reconnais bien, te dis-je,
Il a goûté au vin nouveau,
Puis on l'a couché dans l'étable
Entre la jument et le veau :
Le lendemain, l'eau était prise ;
Les feuilles avaient plu sous la gelée.
-- Ferme la porte et les volets.

Qu'il passe son chemin, au moins,
Qu'il couche ailleurs que dans mon foin,
Qu'il aille mendier plus loin.
Avec des feuilles dans sa barbe
Et ses yeux creux qui vous regardent
Et sa voix rauque et douceureuse ;
À d'autres ! moi, je le reconnais,
Qu'il s'attife d'or ou qu'il gueuse.
-- Rentre la cloche : s'il sonnait.

Prépare une blambée ; j'attends
Le viel hiver au regard franc.
 
 

Viélé-Griffin, L'Automne in La Clarté de vie, 1897.

 

 

Automne

L'Automne est de retour
Avec ses jours plus courts
Le gazon à lui seul
Est parsemé de feuilles
La ville est monotone,
Je n'aime pas l'automne. 

Arrive la Toussaint,
Fête de tous les Saints
Avec ses chrysanthèmes
Et tous ses réquiem
Novembre est un mois triste
Avec son air sinistre.

Décembre et son Noël
Sonnent enfin le rappel
Des moments plus joyaux
En famille ou à deux,
Et Janvier arrivant
Avec son Nouvel An.

Ainsi défile le temps,
Hiver et puis printemps,
Tout doucement s'écoule
La vie, comme la houle,
Le calme ou la tempête
Revient sur la planète.

F. Germain - Un triste dimanche d'octobre - 04-10-1998

 

 

Chanson d'Automne

Les sanglots longs
Des violons
   De l'automne.
Blessent mon coeur
D'une langueur
   Monotone
 

Tout suffocant
Et blême, quand
   Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
   Et je pleure.

Et je m'en vais
Au vent mauvais
   Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
   Feuille morte.

Paul Verlaine,
Poèmes saturniens - Paysages tristes.

 
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Florilège poétique par Le Grimaud

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