À
propos d'un débat à la télévision sur l'enseignement
public et l'enseignement privé
Hier ou avant hier, à la télévision,
je n'ai vu que la fin d'un débat. Je voudrais rappeler ici
que les intentions les meilleures ne sont pas toujours suivies des
résultats escomptés.
Voici quelques lignes du chapitre 1 Des Diables de Loudun[33]
d'Aldous Huxley.
« Les bons pères [Jésuites]
eux-mêmes espéraient, grâce à leur enseignement,
créer une classe de laïcs instruits, totalement dévoués
aux intérêts de l'Église. Selon les paroles
de Cerutti -- paroles qui indignaient Michelet au point de le
mettre quasi hors de lui -- «
de même que nous emmaillotons les membres d'un petit
enfant au berceau, pour leur donner une proportion correcte, de
même il est nécessaire, dès la plus tendre
enfance, d'emmailloter, en quelque sorte, sa volonté, afin
qu'elle conserve, au cours de la vie, une souplesse heureuse et
salutaire ». L'esprit de domination était certes
consentant, mais la chair de la méthode propagandiste
était faible. En dépit de l'emmaillotement de leur
volonté
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quelques-uns des meilleurs élèves des Jésuites
quittèrent l'école pour devenir des libres penseurs,
ou même comme Jean Labadie, des protestants. […] «
Qu'ai-je observé au cours des sept années
que j'ai passées sous le toit des
Jésuites ? Une vie pleine de modération, de diligence,
et d'ordre. Ils consacraient toutes les heures de la journée
à notre instruction, ou à la stricte observance
de leurs vœux. J'en appelle, comme preuve, au témoignage
des milliers qui, comme moi, ont été instruits par
eux. »Voilà ce qu'a écrit Voltaire.
Ses paroles sont un témoignage en faveur de l'excellence
des méthodes de l'enseignement des Jésuites. En
même temps, et d'une façon encore plus vigoureuse,
toute sa carrière constitue un témoignage en faveur
de l'échec de cette « politique
», que ces méthodes d'enseignement étaient
destinées à servir. »
Prenons garde que nos méthodes, malgré nos bonnes
intentions, ne conduisent pas à l'intolérance !
Le Grimaud
-1998
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